🌌 > Lettre lue par les étudiants à la réunion pédagogique générale du 29/01/19

Lettre lue par les étudiants à la réunion pédagogique générale du 29/01/19

Bonjour à toutes et à tous.

Nous sommes un groupe de travail étudiant ouvert et avons amorcé il y a plusieurs semaines une réflexion collective sur la question du recrutement de notre prochaine direction.

Tout d’abord, nous ne doutons pas qu’étudiant.es, professeur.e.s, technicien.es et corps administratif partageons un ensemble de valeurs, celles qui nous rassemblent aujourd’hui autour de cette table. Nous croyons que notre école peut être un lieu unique : un lieu d'apprentissage du sens critique, d’expérimentation pédagogique, de résistance, de rêveries, de trêves.

Un lieu de non rentabilité, de non injonction mais aussi un lieu exigeant et ambitieux.
Un lieu d'accueil inconditionnel, d’acceptation de l’altérité et de lutte contre les discriminations et l’exclusion.

À notre sens, le processus de recrutement en cours pour la nouvelle direction de notre école menace aujourd’hui cette identité qui nous est chère. Il nous parait important de continuer à la défendre.

Aujourd’hui nous attirons votre attention sur ce processus : Sa forme nous paraît opaque, autoritaire et véhiculant une logique de reproduction sociale insupportable.
Nous sommes à même de percevoir les rouages de ce système, simulacre démocratique, et nous dénonçons son manque de transparence. En effet, le pouvoir de la commission réunie n’est que consultatif et peut être nié par la décision finale et irrévocable du ministre de la culture.

En adéquation avec le label égalité et diversité défendu par l’école, il nous semblerait légitime de bousculer un schéma privilégiant toujours les mêmes personnes.

La manière dont quelques individus se partagent la direction des principales institutions artistiques représente un réel danger pour la diversité de la pensée créative et par extension de l'équilibre de notre pédagogie.
Cela participe d’un déni plus large du ministère de la culture pour ses établissements d’enseignement supérieurs d'arts qui a de nombreuses conséquences que nous connaissons bien (diminution systématique des financements, précarisation des emplois, absence de bourses pour la mobilité internationale, mauvaise reconnaissance de nos diplômes, etc)

C’est parce que nous sommes intimement convaincu.es qu’il en va de la singularité de l’ENSAPC, et plus largement de la pérennité des écoles d'arts et de leur pertinence, qu'il nous apparaît essentiel de vouloir infléchir les modalités inacceptables de ce recrutement.

Si les modalités ne sont pas modifiées, la prochaine direction ne pourra donc pas être la nôtre.

Nous nous apprêtons à entrer en contact avec les personnes en charge du recrutement du ministère de la culture afin de leur faire parvenir nos revendications.
À savoir : introduire un avis étudiant au sein de la commission, rendre publique la totalité des candidatures, pouvoir consulter et juger les projets, et enfin accorder à la commission tout le pouvoir décisionnel.

Nous en appelons donc à votre solidarité et à l'éveil de chacun.es pour les prochains mois à venir.
Nous appelons l’ensemble des acteur.trices de l’ENSAPC à prendre position publiquement, et à se mobiliser à nos côtés.

Puisque nous dénonçons et voulons combattre un même système, dépassons cette image fantasmée de l’horizontalité et travaillons ensemble à sa mise en forme.

L’enjeu est de réaffirmer le projet initial de notre école : un projet de pédagogie expérimentale et fondamentalement inclusif. Et cela, nous en sommes certain.es, aura une véritable influence sur la prochaine direction, quelle qu’elle soit.

Dès aujourd’hui nous devons nous unir dans les luttes qui s’engagent à Cergy.

Plus que jamais affirmons ensemble :