confiance
aveugle
romane martin
guilhem prévost-
leygonie
j'ai une amie qui parle comme le silence sans idéal ni violence elle n'a pas besoin de dire la vérité ce qu'elle dit est vrai comme l'eau comme le feu on lui offre des roses on lui fait la promesse de l'aimer mon amie vit comme une fleur le matin éclot le soir meurt dans les épiceries et les bus de nuit on parle de ce qui se passe aujourd'hui par la fenêtre on voit les conclusions écrites sur les murs on parle de l'avenir mon amie parle à l'envers elle dit le succès est un échec et l'échec n'est pas plus un succès la cape et l'épée reposent au mur les femmes allument des bougies même pendant la cérémonie des cavaliers le pion doit prendre parti on frotte des statuettes d'allumettes les unes contre les autres mon amie sourit elle reste en dehors de ça elle en sait trop ou pas assez le pont tremble à minuit le médecin de campagne se lève pour aller travailler la nièce du banquier sort chercher la perfection elle attend les présents d'un homme avisé le vent souffle de toutes ses forces pour rafraîchir la nuit mon amie est comme un corbeau à ma fenêtre avec une patte cassée
une voix
deux voix
trois voix
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la plupart du temps je vois les choses très clairement la plupart du temps j’ai les deux pieds sur terre je suis la route je lis les panneaux je tourne aux virages je prends ce qui vient je ne remarque pas qu’elle est partie la plupart du temps la plupart du temps c’est évident la plupart du temps je ne changerais pas si je le pouvais la plupart du temps je fais le lien je sais me tenir je sais survivre je peux tout endurer je ne pense pas à elle la plupart du temps la plupart du temps j’ai la tête sur les épaules la plupart du temps j’arrive à ne pas haïr je ne vis pas d’illusions jusqu’à me détester je n’ai pas peur du brouillard le plus épais je souris à la face du monde je ne me souviens pas comment ça fait ses lèvres sur les miennes la plupart du temps la plupart du temps je n’y pense pas je ne la reconnaîtrais pas si elle passait devant moi la plupart du temps je ne suis pas sûr qu’elle ait existé la plupart du temps je suis à moitié satisfait la plupart du temps je sais exactement où je vais je ne me mens pas à moi-même je ne cours pas je ne me cache pas je ne fais pas de compromis et je ne fais pas semblant ça ne me ferait rien de la revoir la plupart du temps
ciel
champs
village
mer
ciel
seize ans seize étendards unis flottent au-dessus des champs un berger est en deuil les hommes désespérés les femmes désespérées divisées étendent leurs ailes sous les feuilles des arbres qui tombent

la fortune l'appelle il sort de l'ombre jusqu'au marché les marchands voleurs avides de pouvoir sa dernière affaire fait faillite elle a le parfum des champs où elle est née la veille du solstice d'été près de la tour

la lune sans pitié le capitaine suit la célébration d'en haut ses pensées vont à une servante au visage d'ébène aimée au delà des mots le capitaine malheureux espère son amour un jour rendu

ils lui rasent la tête elle est tiraillée entre Jupiter et Apollon un messager arrive avec un rossignol noir il la voit sur les marches ne peut pas s'empêcher de la suivre après la fontaine ils soulèvent son voile

il trébuche évite la mort dans un fossé des points de suture ferment une plaie encore ouverte hier des prêtres renégats et des jeunes sorcières distribuent les fleurs qu'il lui avait données

le palais des miroirs où les chiens de garde se réfléchissent la route sans fin les gémissements du carillon les pièces vides où le souvenir est protégé la voix des anges parlent aux âmes des temps anciens

elle le réveille quarante-huit heures plus tard le soleil apparaît derrière les nuages près des chaînes brisées du laurier de montagne des chutes de pierre elle le supplie de lui dire quelles mesures seront prises maintenant il la repousse elle s'accroche à ses longues mèches dorées

messieurs je n'ai pas besoin de votre organisation j'ai ciré vos chaussures j'ai déplacé vos montagnes j'ai marqué vos carte. Maintenant le paradis brûle préparez-vous pour l'élimination préparez vos coeurs pour la relève

la paix vient avec tranquilité et splendeur sur des roues de feu aucune récompense n'est donnée quand les fausses idoles tombent quand la mort se rend des pâles fantômes sonnent la retraite du roi et de la reine des épees
il prend la route du centre ville arrive devant la mer roule doucement voit les immeubles alignés face à la mer se demande si les choses ont changé

il rentre dans le bar s'asseoit au comptoir le patron le voit se dirige vers lui dit je ne t'avais pas reconnu il répond moi non plus je ne me serais pas reconnu tu sers toujours des frites avec ta bière

quand tu venais à l'époque j'étais moins vieux que ça dis donc enfin j'avais un peu près ton âge maintenant c'était différent à l'époque vraiment les gens ne venaient pas boire pour les mêmes raisons je fais des cocktails maintenant tu veux goûter ils sont pas si mauvais j'ai appris dans un livre j'aurais pas tenu même si c'est le seul bar du coin les gens ont commencé à partir à peu près quand tu es parti d'ailleurs ça a changé ensuite ils ont tout modernisé pour attirer du monde ce genre de choses je me suis juste mis à la page tu sais c'est sûr y a plus le flipper mais j'ai du monde un peu prêt tous les soirs une autre population ça ne me dérange pas t'as des nouvelles du rat

il arrive devant la maison regarde à travers la grille voit les volets fermés de la publicité dans la boîte au lettre sonne quand même sans que ça fasse un son continue son chemin

assis sur le muret de la digue il boit des canettes d'un carton de bières qu'il a acheté jette les canettes vides sur la plage quelqu'un passe derrière lui le voit jeter une cannette lui dit ne faites pas ça il se retourne dit désolé je ne sais pas ce que je fais la personne continue son chemin il prend une canette du carton l'ouvre boit une gorgée pense à sa famille qu'il ne voit presque plus pense au rat et à la loi pense principalement à elle
c'est une histoire de champignons et de routes mal entretenues